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Partir en retraite


Lise

Les années passent de plus en plus vite et l’Education Nationale qui prend soin de ses enseignants a informé Lise qu’elle pouvait faire valoir son droit à la retraite à 60 ans mais qu’elle pouvait terminer l’année scolaire.

Ce qu’elle avait choisi et signé.


Pendant les vacances d’hiver, alors que nous étions à la neige avec les petits enfants, notre fils téléphone pour annoncer un message du Rectorat.

On apprend que Lise doit quitter son poste le jour de la rentrée de Février. 

Lise balaie d’un revers de main « Erreur, j’ai signé pour le 30 Juin, jour des vacances ».
En rentrant à Montmort, je téléphone au Rectorat. Un violent mouvement de grève de maîtres auxiliaires n’ayant pas obtenu de postes à la rentrée, avait poussé le Ministère à anticiper le départ de tous les enseignants ayant atteint leurs 37,5 années de service.

Lise était dans ce cas et devait partir pour libérer son poste.
Lise avait mis au point son voyage en Angleterre et d’autres actions d’ici juin.

Peine perdue, elle devait partir.
Délicat pour moi de l’encourager à entrer en conflit avec l’Administration.
Elle avait l’impression révoltante d’être « virée », désolante fin de carrière d’enseignante !
J’avais confié à Lise deux classes d’élèves difficiles.
Avec l’expérience, elle avait pu recréer un climat de travail mais la jeune MA qui lui succédait a eu bien du mal à faire face.

La fin de l’année est arrivée et nos anciens élèves des années 60 ont rétabli une chaine pour organiser des retrouvailles au collège.
J’ai dû jouer le jeu, en le cachant à Lise.
Le soir venu, je suis redescendu la chercher à la maison pour lui demander un coup de main.
En poussant la porte de la salle polyvalente, elle a eu la surprise de trouver là, des élèves qu’elle n’avait plus revus depuis plus de 30 ans !

Emotion garantie.

Inutile de dire qu’on avait des tas de choses à se raconter, même si parfois, on avait du mal à se reconnaitre.
Ils avaient 16 ans en 66/ 67/68, on les retrouvait mariés, parents et parfois grands parents.
Il y avait de la musique. Le champagne a coulé. Lise a eu droit à une belle bicyclette.
Bien entendu, Pascal avait préparé un repas de fête. On a beaucoup échangé, avec émotion. On a dansé tard dans la nuit.
Je me souviens d’une discussion animée mais très fraternelle entre deux anciens copains qui se retrouvaient, l’un ouvrier syndicaliste et l’autre PDG d’entreprise, comparant leur vie et en reconnaissant l’attrait.
Des retrouvailles qui faisaient chaud au cœur.
Certains étaient venus de loin .

Avant de se quitter, de nombreux anciens élèves ont souhaité se retrouver l’année suivante pour ma retraite.

Et Pierre, l’année suivante.

Nous nous étions revus avec grand plaisir et c’était bien mais je ne voulais pas imposer à tous ceux qui étaient venus de loin un nouveau déplacement et je souhaitais partir dans la discrétion (un non évènement).
Je ne m’étais pas opposé aux adieux que souhaitaient organiser les élus mais j’avais demandé le plus de simplicité possible.
Partir n’était pas une fête pour moi.
J’avais aimé ces années collège. Je ne voulais pas rester inactif et me je suis investi encore davantage dans la lutte contre l’insécurité routière.

Finalement, une vie professionnelle engagée c’est bien et ça passe très vite…