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Mon inspection générale
Pour ma dernière année, j’ai eu la surprise d’apprendre que l’Inspecteur général d’Administration avait prévu de m’inspecter.

Un Inspecteur Général n’est pas n’importe qui.

Il a dû faire preuve de qualités éminentes pour obtenir ce poste prestigieux .
Je l’ai vu arriver à mon bureau très décontracté «  je sors de chez votre Recteur : quel con ! … Dire qu’il a vocation à devenir Inspecteur général, vous vous rendez-compte… Qu’en pensez-vous ?». Le piège était gros.

Je me suis contenté de dire en souriant qu’il ne m’appartenait pas de juger mes supérieurs.
J’étais en retraite en fin d’année et ne risquais rien.
A la limite, j’étais intrigué et intéressé par la tournure que pourrait prendre cette étrange inspection.
Je lui avais remis le rapport que j’avais préparé sur le collège.

J’avais pris le temps de peaufiner ma présentation (caractéristiques du canton, de son économie, de sa population, du désert culturel, des élus – les écoles et les instituteurs du canton – la scolarité au collège – ses profs – résultats scolaires des élèves – orientation…).
Je pense que je maîtrisais suffisamment la situation pour ne rien craindre d’une inspection.
Elle m’amusait même…et j’avais envie de jouer.

« Mon Général » m’a alors annoncé que son inspection serait large et durerait 3 jours :

aujourd’hui échange avec moi,

le 2ème jour : rencontre avec les personnels (professeurs, personnel administratif, personnel de service, élèves… pour connaître leur jugement sur le collège et son chef),

le 3ème jour, avec les parents et les élus (même souci d’appréciations).

De quoi dresser un portrait global du collège et de moi! Diantre !

Il souhaitait également rencontrer l’Inspecteur d’Académie, un proviseur… et se faire une idée générale de l’éducation dans la région d’Epernay…une véritable inspection générale quoi !

Il avait choisi Epernay parce qu’il avait commencé par être « pion » au Lycée Léon Bourgeois.
»Je descendais l’Avenue de Champagne avec mon scooter et une grande écharpe blanche.
On m’appelait l’ange blanc ».

J’ai proposé à notre IG de boire le champagne, en lui demandant ce qu’il souhaitait déjeuner, l’assurant de la qualité de notre chef.
Et mon IG s’est lancé dans des confidences étonnantes : « Allez-vous régulièrement en boite ? Moi oui et j’enfile le blouson de cuir de mon fils… ,
« Fumez-vous des joints de temps en temps ? Moi oui, ce n’est pas méchant ! »
 … Et de me raconter ses aventures…
L’affaire se corsait. Où voulait-il en venir ?

Nous avons bavardé très librement jusque 16h ou 17h, comme des vieux complices.
Nous étions l’un et l’autre proches de la retraite et échangions quelques appréciations sur notre vie.

Il m’a promis de me rappeler très prochainement pour la deuxième journée et m’a salué très aimablement.
Il ne m’a jamais rappelé et je n’ai plus entendu parler de lui.

Je venais de vivre une expérience inimaginable et plaisante. Je regrettais néanmoins la suite qui m’aurait aidé à dresser un bilan plus objectif de mon passage au collège.