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Quelques inspecteurs d’Académie (IA)
Dans les années 60, l’IA était un supérieur lointain que l’on ne rencontrait que rarement.

Plus tard, J.Delatour était un humaniste de petite taille, lettré, qui se montrait facilement amical et parfois même affectueux.
Il lui arrivait, en passant par Montmort, de s’arrêter pour une visite de courtoisie.
Il me demandait si je pouvais offrir une boisson à son chauffeur, qu’il appelait par son prénom et qui restait dans la voiture.
Il m’incitait toujours à demander ma mutation « Postulez pour un lycée ou un LEP pour découvrir le monde professionnel…
Je l’ai fait avant vous ; Vous verrez, c’est enrichissant.
Vous avez l’expérience suffisante.
Je soutiendrai votre demande avec le Recteur.
A votre place, je m’ennuierais à rester dans un milieu où je n’ai plus rien à découvrir
… ».
J.Delatour avait créé une revue où il publiait ses poèmes et tenait un billet humoristique.
Il a été regretté.

A. Bouchara avait la prestance et l’autorité d’un chef militaire.
Dès sa première réunion, il avait cadré nos relations : « Vous êtes chefs d’établissement et donc, comme moi, fonctionnaires d’autorité et donc d’obéissance ».
Avec lui, pas d’états d’âme !
Il s’est montré humain après le décès de notre fille.
Il m’a adressé une lettre délicate.
Pour me changer les idées, il m’a confié quelques missions de confiance comme un voyage à l’Ecole militaire de St Cyr-Coëtquidan.

Par contre, il m’a infligé le seul camouflet de ma carrière.

Au téléphone, il me dit « M. le Principal, j’aimerais connaître votre opinion sincère sur Mme Verney, la Présidente de votre syndicat Intercommunal scolaire et votre avis sur une attribution de palmes académiques ».

Je lui ai répondu franchement, qu’ancienne surveillante générale d’une institution privée, elle n’était ni laïque, ni favorable à l’enseignement public, qu’elle veillait à réduire au maximum les dépenses pour le collège et donc, que personnellement je n’étais pas favorable à cette distinction.

Il m’a répondu aussitôt « je vous remercie de votre franchise mais j’ai décidé d’attribuer les palmes à Mme Verney et que, n’étant pas libre, je vous prie, en tant qu’officier des palmes, de lui remettre la croix de chevalier des palmes académiques, en présence de tous les maires du canton ».
Je lui ai dit que ce serait hypocrite de ma part et que je souhaitais qu’il confie cette tâche à quelqu’un d’autre.
Sa réponse a été sans ambiguïté :

«  C’est à vous que je confie cette mission.
C’est un ordre M. le Principal !
J’ai beaucoup apprécié les réunions que vous avez organisées dans votre établissement, comme l’inauguration du collège en présence du Ministre ou la séance de création du regroupement des bassins de formation d’Epernay et Sézanne avec le Recteur.
Toutefois, compte-tenu de ce que vous venez de me dire, je vous me demande de m’indiquer par écrit quelle sera l’organisation de cette manifestation et le texte de l’allocution que vous prononcerez en mon nom…
 ».

Pouvais-je m’opposer à cette injonction ?
Il fallait répondre instantanément.
J’ai avalé durement la couleuvre !
J’ai arrangé la salle avec des fleurs, fait préparer champagne et petits fours et, dans mon discours, j’ai vanté les mérites de la Présidente !
Mme Verney en a été touchée et reconnaissante.
M. l’Inspecteur d’Académie m’a sincèrement remercié !

Après sa retraite, M. Bouchara craignant sans doute la solitude et le vide, s’est fait nommer conseiller spécial Education du Président de la Région Champagne –Ardenne, ayant charge de la gestion des lycées.
Ancien proviseur d’un lycée parisien, il a sans doute pris plaisir à tenir les rênes financières de tous les lycées régionaux.