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Les évènements de Mai 68

Manif à Reims
J’avais repris mon poste de Directeur de CEG lorsque des mouvements sociaux, de plus en plus insurrectionnels se sont développés en France et plus particulièrement à Paris, contestant l’ordre Gaullien.
A la Sorbonne en grève, suite à des répressions policières, des étudiants, entrainés par Cohn Bendit (Dany le Rouge) lançaient des cocktails Molotov et les pavés arrachés du Boulevard St Michel.
Les CRS les chargeaient avec des matraques et des gaz lacrymogènes.
Les étudiants criaient « CRS…SS » soutenus par les syndicats ouvriers et enseignants.
A l’époque, j’étais toujours délégué syndical du SNI.
Suivant l’appel du syndicat, j’avais pris la décision (difficile) de fermer le collège : « collège en grève » !
J’avais fait la tournée des écoles pour faire le point avec les collègues du Primaire.
La plupart suivaient la consigne de grève, à part une école unique où l’institutrice avait demandé aux parents d’élèves de la protéger contre de possibles agressions des grévistes…
Chaque jour, il y avait des réunions syndicales et des manifestations à Reims et à Châlons.
Un jour,, revenant d’une réunion à Reims et en route vers celle de Châlons, nous avons rencontré un ancien professeur du lycée Roosevelt qui faisait le trajet inverse.
Curieuse et sympathique rencontre de hasard entre un vieux prof avec ses anciens élèves qui participaient à un même mouvement revendicatif…
Toutes barrières hiérarchiques étaient abolies entre manifestants.
Dans les « Bourses du travail » se retrouvaient régulièrement délégués syndicaux des écoles, des établissements secondaires et supérieurs.
Deux syndicats animaient principalement les débats : le SNI (primaire) et le SNES (secondaire).
Certains voulaient tout remettre à plat et chacun apportait sa pierre à l’édifice; ça allait dans tous les sens.
Il y avait comme un défoulement général (comme avec les Gilets jaunes)
Pauvres secrétaires de séance chargés de rédiger le compte-rendu.
Un délégué syndical se chargeait de résumer.
En fait, on retrouvait plus souvent les propositions publiées dans les revues syndicales qu’un vrai résumé des débats de la séance !
Le SNI ressortait le Plan Langevin- Wallon de 1947) (bible syndicale): démocratie, justice, égalité, droit de tous à l’éducation sans autres limites que les aptitudes intellectuelles, égale dignité du travail manuel et du travail intellectuel, scolarité obligatoire jusque 18 ans, l’enfant au centre du système éducatif, formation unique des maîtres de la maternelle à l’Université.
Un différend subsistait entre le SNI qui veut imposer une Ecole fondamentale (de la maternelle à 15 ans avec des instituteurs polyvalents) et le SNES qui prônait une Ecole progressive (11 à 18 ans avec des professeurs mono-disciplinaire…
Difficile démocratie ! Nous sommes allés voir ce qui se passait à la Sorbonne : réunions dans les amphithéâtres, défilés.
Des voitures avaient été incendiées, des barricades érigées.
A l’usine de Billancourt, Jean-Paul Sartre haranguait les ouvriers de Renault.
Au stade Charléty 30 000 personnes manifestaient.
Il y a eu jusque 10 et même 20 millions de grévistes en France.
De Gaulle parlait de chienlit.
Il avait rejoint Massu en Allemagne pour demander son appui militaire.
Quelques jours après 500 000 personnes avaient défilé aux Champs-Elysées en soutien au Général.
Les français commençaient à prendre peur et la CGT freinait le mouvement.
Le Premier Ministre Pompidou avait négocié les accords de Grenelle qui augmentaient le SMIG de 35 %.
Le travail a repris rapidement.
Nous aussi au collège, avant les grandes vacances.
Nous venions de vivre une période historique ! que bien de nos successeurs nous envient !