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L’échange avec la DDR (ou RDA : République Démocratique Allemande)
Le SNI proposait des échanges avec la RDA.
Ainsi, pendant les vacances de Pâques, Lise et moi, avec le Directeur du CEG d’Aÿ, nous sommes rendus en voiture, (avec des livres scolaires à offrir), à Parchim, dans le Mecklenbourg (près de Rostock).

Le passage du Rideau de fer a été impressionnant : poste frontière militaire américain, puis no man’s land jusque la frontière de RDA (bande de 5km de large, interdite, déboisée avec champs de mines, barrières de barbelés, miradors équipés de mitrailleuses, projecteurs, chemins de garde avec militaires en arme qui patrouillent avec leurs chiens, grillage renforcé de 3m de hauteur… Au poste de la RDA, fouille systématique de la voiture (avec glace pour le dessous) et des objets transportés (y compris des livres scolaires examinés avec suspicion), déclaration minutieuse des devises, formulaires à remplir…
Douaniers en uniformes vert de gris impeccables, bottes cirées, casquettes et médailles.
Quel accueil ! A la sortie du poste douanier, nous étions attendus par une délégation municipale qui nous a offert des fleurs et nous a invité à prendre un café dans une taverne digne des romans de Tolstoï.


Accueil en Wartburg


Passage frontière RDA


Devant le lycée de Parchim
Nous avons suivi la Wartburg.
Il n’y avait que 2 modèles de voiture en RDA : la Wartburg, modèle de luxe pour les responsables du Parti, et la Trabant, plus ordinaire (mais encore rare-devenue mythique depuis).
Nous visitions écoles, lycée, crèches, maison de la Culture, maison des Pionniers (sorte de scouts communistes), magasins d’Etat (très mal achalandés), piscine, gymnase, stade (on faisait beaucoup de sport en RDA).

Les officiels organisaient des rencontres avec les enseignants.
Nous avons été surpris de voir l’Inspecteur arriver à mobylette !
Un soir, au théâtre, on a donné un opéra (Faust) en notre honneur !
On nous avait présenté les acteurs, j’ai eu le privilège de danser avec Marguerite, la danseuse étoile et Lise avec le ténor.

A Parchim se trouvait une garnison russe.
A notre demande, nous avons été autorisés à la visiter avec un officier.
Nous avons demandé (quelle audace) à aller librement à Rostock.
Au Commissariat de Police, on nous a délivré un laisser-passer «  pour notre sécurité », que nous devions faire tamponner à la Police à Rostock.

Avec le proviseur du lycée, nous avons organisé le prochain accueil des collégiens de Montmort, sachant que les jeunes de Parchim ne seraient pas autorisés à quitter le territoire (le rideau de fer était infranchissable pour les allemands de l’Est).
Dans les rues de Parchim, des enfants couraient derrière notre voiture en criant « j’ai vu les capitalistes ».

Pour notre retour, nous avons dû entamer de longues démarches administratives afin d’obtenir le droit de s’arrêter et dormir à Berlin-Ouest.
Notre séjour s’est terminé à Dresden, par un symposium regroupant tous les participants au voyage France-RDA.
Dresden était toujours en ruines. Sinistre !
Nous avions rendez-vous au casino de la ville.
A notre entrée dans la grande salle, le silence s’est fait et l’orchestre a entamé « Douce France de Charles Trenet. »
Particulièrement émouvant !
Plusieurs en ont eu les larmes aux yeux.

L’année suivante, nous avons organisé un séjour de collégiens volontaires, à Parchim, pendant les vacances, sous la conduite de notre professeur d’Allemand, Alain Petit.
Nos élèves étaient logés dans une Maison des Jeunes, avec d’excellentes conditions financières.
Monique Henriet y participait. Elle s’appelle aujourd’hui Monique Petit !

Depuis la chute du mur de Berlin, nous sommes retournés en pèlerinage à Parchim, à Dresde, à Berlin, avec les Petit...

L’Allemagne de l’Est a bien changé. Et a rattrapé son retard.
On ne fait plus guère de différence avec l’Ouest.