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Deux agents aux mérites éminents

« Tonton Bourrioux » Notre campement de classes mobiles était implanté sur un vaste terrain …qu’il fallait entretenir avec les maigres moyens du bord.

Ici, il convient ici de rendre un hommage appuyé à Tonton Bourrioux, un retraité de la SNCF qui, pour arrondir sa maigre pension occupait l’emploi d’homme d’entretien du collège (on disait factotum). Son salaire était drastiquement limité pour ne pas perdre le versement de sa pension.

Tonton Bourrioux (nom affectueux donné par les élèves), arrivait le premier au collège pour alimenter les réservoirs des 33 poêles, avant le début des cours. Chaque soir, après la classe, il entamait une seconde tournée, avec son petit chariot à main, garni des bidons de gazole. Il fallait maintenir le chauffage la nuit car les classes préfabriquées étaient fort mal isolées et après une nuit sans chauffage, il était impossible de retrouver une température convenable le lendemain.

Pendant les vacances de Noël, pour éviter le gel dans les bâtiments, Tonton Bourrioux, entretenait méticuleusement son chauffage, malgré les intempéries. Je l’ai croisé une nuit de Noël, charriant ses bidons…

A la belle saison, il entretenait les espaces verts avec grand soin. Il ne ménageait pas son temps et tenait à être irréprochable, vieux restes de la discipline SNCF. Tous vénéraient ce brave homme à la conscience professionnelle exemplaire.

Pascal, notre chef cuisinier Les élèves attendaient impatiemment l’heure du repas, surtout parce que la cuisine était bonne.

Je tiens donc à rendre un vibrant hommage à Pascal, notre chef-cuisinier.

Il avait été formé comme cuistot sur un bateau de la Marine Nationale. Il avait parcouru les mers à servir les officiers et leurs invités. Discipline, vocation de servir, service irréprochable, exigence vis-à-vis du personnel de cuisine.

Il avait l’estime générale.

Lorsqu’on demandait aux élèves ce qu’ils appréciaient le plus au collège, les repas arrivaient en tête.

Lorsque les anciens 3ème revenaient nous voir, j’entendais toujours : « au lycée, la cuisine est infecte. On regrette la cuisine de M. Denis. On peut aller le lui dire et le remercier ? ».

Le repas de Noël était une fête : salle à manger décorée par les personnels de cuisine, nappes, serviettes de couleurs, foie gras (fabriqué personnellement par Pascal), entrée, volaille ou gibier, petits légumes, plateau de fromages, et naturellement bûches individuelles maison..

Exceptionnellement, les externes étaient invités à partager ce repas convivial. Avant de quitter la table, des élèves allaient remercier Pascal et ses aides.

Lorsqu’un Inspecteur venait au collège, je lui proposais, dès son arrivée, de déjeuner chez nous. S’il acceptait l’invitation, je demandais à Pascal d’improviser un repas agréable, servi soit dans mon bureau, soit dans une petite salle voisine. Pascal savait, en quelques minutes improviser ce moment convivial. Et il servait avec classe ! Un Inspecteur d’Académie aimait bien nous rendre une visite de courtoisie…

Pour chaque Conseil d’Administration, Pascal préparait un lunch.
Les représentants des parents d’élèves vignerons (il y en avait beaucoup) offraient le champagne.
Certains, en début d’année, apportaient un carton de 6 bouteilles.
La cave du collège était bien fournie.
A l’époque, il n’était pas interdit de servir du vin aux adultes .
En salle à manger du personnel, il y avait d’ailleurs une carte des vins.
Aux anniversaires, un prof pouvait ainsi offrir un Bourgogne, un Alsace…à ses collègues.
Nous évitions les alcools forts, modération oblige !

De même, en fin des réunions du Syndicat Intercommunal Scolaire, qui se tenait toujours dans notre belle salle polyvalente, le collège offrait le champagne et une collation à la cinquantaine de membres présents..
Je crois que malheureusement cette tradition de convivialité n’a pas perduré.

Compte-tenu de ses qualités, Pascal est rapidement arrivé en classe exceptionnelle et a été distingué des Palmes Académiques.
Il le méritait bien et ne volait pas son salaire en classe exceptionnelle. J’avais proposé à mes collègues d’Epernay et du Sud-Ouest Marnais de prendre en charge la formation continue des personnels de cuisine et de service.
Ainsi, quelques mercredis, on faisait venir un formateur en cuisine, payé par nos fournisseurs en alimentation (souvent Pomona).
Ainsi, nos cuisiniers ont suivi des formations de pâtisserie, de cuisine des poissons ou des surgelés…avec cours en salle et travaux pratiques en cuisine.

Pendant des années, la salle d’enseignement ménager, équipées de 6 cuisines rendait bien service.
Toujours avec l’aide du Rectorat, J’ai emmené les cuisiniers au salon de l’alimentation à Paris…

Ravis les cuisiniers !

Néanmoins ça m’a valu des remarques acerbes de gestionnaires car, après avoir vu des matériels au salon, tous les chefs réclamaient un four à vapeur et des outils performants pour leur cuisine...